Fin de parcours pour la cession du réseau fixe de Telecom Italia (TIM). Première opération de son acabit sur le continent européen, la vente de l'ancien réseau télécom national italien aura fait des émules au cours des dernières années. Candidat favori depuis la présentation de sa première offre de rachat en novembre 2021 (10,8 Md€ à l'époque), KKR finalise aujourd'hui l'une des plus grandes opérations infra de l'année.
Une valorisation nette proche des 19 Md€
Après des mois de suspense et de renvoi de balle, TIM a approuvé, début novembre, l'offre ferme du fonds d'investissement américain pour son réseau fixe, valorisé à 18,8 Md€ - loin des 31 Md€ attendus par Vivendi, actionnaire principal de TIM avec 23,75 % et en opposition frontale avec le conseil d'administration de l'opérateur italien, qui avait accepté la vente sans la soumettre à une AG extraordinaire. L'opération est aujourd'hui réalisée en deux temps : TIM confirme la finalisation de la vente de NetCo à KKR, via le transfert à FiberCop (filiale à 58 % de TIM) de l'unité commerciale de TIM comprenant l'infrastructure de réseau fixe et les activités de gros, et l'acquisition ultérieure de la totalité du capital de FiberCop par Optics BidCo, une filiale de KKR dédiée à l'opération. Le deal est particulièrement rentable pour le fonds d'investissement américain, qui réalise déjà un gain substantiel sur son précédent deal mené avec TIM sur le réseau secondaire. Pour mémoire, le GP avait fait l'acquisition en avril 2021 de 37,5 % de FiberCop pour 1,8 Md€, alors valorisée 4,8 Md€ (7,7 Md€ dette incluse), puis de 4,5 % le mois dernier auprès de Fastweb, filiale du suisse Swisscom, pour 438,7 M€.
3,1 Md€ d'earn-out potentiels
Le nouveau deal change cette donne : sur la valorisation annoncée de 18,8 Md€, 8,5 Md€ sont représentés par des dettes déjà contractées par KKR auprès des banques et qui rembourseront la dette existante de TIM. Près de 3,1 Md€ d'earn-out sont également réalisables sur les trente prochains mois, dont 2,5 Md€ sont attachés à la possibilité d'une fusion avec Open Fiber, une société de réseaux fibre détenue à 60 % par CDP Equity et à 40 % par le fonds d'infrastructures australien Macquarie, portant la valorisation maximale possible à 22 Md€. Reste donc 10,3 Md€ d'equity à transférer à l'opérateur italien par les acheteurs. KKR, qui apporte ses parts déjà existantes dans Fibercop (42 %), a été rejoint dans l'opération par Azure Vista, une filiale du fonds souverain des Emirats Arabes Unis, l'Abu Dhabi Investment Authority (ADIA), qui détient environ 20 % d'Optics BidCo, ainsi que par le canadien CPP Investments, qui a fait l'acquisition en mars de 17,5 % d'Optics BidCo pour environ 2 Md€. Le gouvernement italien se joint également à l'opération en prenant une participation de 20 % dans le réseau fixe, considéré comme une infrastructure jugée stratégique, ainsi que 10 % pour le fonds F2i, contrôlé par Cassa Depositi e Prestiti, la Caisse des dépôts italienne, qui apporte environ 1 Md€ via trois véhicules internes.
Des cessions encore attendues
Malgré une dette réduite de 13,8 Md€, Telecom Italia devrait encore faire des émules sur le marché des infras. Le groupe italien a également mis en vente sa filiale Sparkle, spécialisée dans câbles sous-marins, qu'il valorise environ 800 M€, en incluant la dette et de potentiels earn-out. Le Gouvernement s'est là encore positionné comme potentiel acquéreur avec le soutien du fonds d'infrastructures espagnol Asterion Industrial Partners, KKR s'étant également indiqué comme intéressé pour la reprise de l'article.