La lumière est-elle au bout du tunnel pour Photowatt ? La semaine passée, EDF Renouvelables a confirmé la cession du fabricant historique de panneaux photovoltaïques à la start-up lyonnaise Carbon. Détenu par l'énergéticien tricolore depuis 2012, sous l'impulsion du président d'alors Nicolas Sarkozy (lire l'article sur CFNEWS), le groupe emmené par Vincent Bès est l’un des derniers producteurs français de plaquettes de silicium, ou wafers, pour la fabrication de modules solaires. L'opération au montant non dévoilé doit être signée d'ici la fin d'année et va permettre l'extension du site historique de Bourgoin-Jallieu, lequel emploie 170 collaborateurs, avec la création d’une unité de production de modules photovoltaïques d’une capacité de 500 MWc – soit l’équivalent d’un million de panneaux solaires par an. Coût global de l'investissement : 40 M€, dont 20 M€ de fonds propres, 17 M€ de dette et 3 M€ de subventions publiques. Cette nouvelle ligne de production doit être opérationnelle fin 2025, avec une montée à 200 employés prévue l'année suivante. Le lyonnais intégrera ces capacités dans sa future gigafactory à Fos-sur-Mer, où seront produits 5 GW de wafers et cellules, ainsi que 3,5 GW de modules solaires. Pour mémoire, l'installation avait reçu le soutien financier de l'armateur CMA CGM via son fonds corporate l'an passé.
Concurrence asiatique
Cette acquisition s'inscrit dans un contexte industriel difficile, marqué par la concurrence asiatique et les surcapacités chinoises, qui ont affaibli les rares sites d'assemblage européens comme en témoignent les placements en liquidation judiciaire successifs des fabricants Systovi et Recom Sillia courant 2024. Malgré l’importance stratégique de Photowatt pour la souveraineté industrielle française, EDF n’a jamais réussi à valoriser cet actif déficitaire depuis plusieurs années. De son côté, Carbon ambitionne de redresser l’entreprise grâce à son projet de gigafactory – bien que l'énergéticien finance en grande partie l’opération de reprise pour adapter le site. Outre la construction de l'usine de Fos-sur-Mer par le lyonnais, un second second site de production de panneaux photovoltaïques doit également sortir de terre d'ici la fin d'année prochaine en France. Porté par HoloSolis dans la commune d'Hambach, celui-ci va également afficher une capacité de production de 5 GW par an en rythme de croisière – le coût global du projet étant aujourd'hui évalué à plus de 700 M€.