L'opération était attendue depuis plusieurs mois et se termine avec deux rebondissements surprises. La cession des 40 500 tours télécoms de l'opérateur allemand Deutsche Telekom, détenues par sa filiale GD Towers, était attendue depuis plusieurs mois. Surveillée de près par les acteurs européens, elle avait attiré une foule de prétendants, dont notamment le trio des fonds d'investissement américains KKR, Global Infrastructure Partners et Stonepeak faisant office de favori en phase finale face au tandem Brookfield-Cellnex et à Vantage Towers, la TowerCo du britannique Vodafone. Alors que la victoire semblait déjà acquise pour les premiers lors de l'annonce, le 13 juillet, du retrait de Cellnex du processus d'enchères, le canadien a coupé l'herbe sous le pied de ses concurrents en montant une alliance de dernière minute avec le GP américain DigitalBridge pour faire l'acquisition, à part égales, de 51 % de GD Towers, Deutsche Telekom conservant 49 % du capital. L'opération de 10,7 Md€ valorise la holding 17,5 Md€ hors dette et trésorerie, soit 27,3 fois son Ebitda 2021 (640 M€). Le closing de l'opération est attendu pour la fin 2022.
Consolidation du marché européen
Cette transaction est un événement majeur pour Deutsche Telekom. L'opérateur germanique coté, qui garde la capacité de reprendre le contrôle de GD Towers à moyen terme, réduit sa dette de 6,5 Md€ grâce à cet apport d'argent frais tout en trouvant une nouvelle source de revenus pour financer l'acquisition d'une participation majoritaire (50,1%) dans sa filiale américaine T-Mobile. L'arrivée de DigitalBridge et Brookfield doit aussi permettre de poursuivre les plans stratégiques de GD Towers pour son développement, dont une augmentation du taux de location et la prise en charge des besoins de couverture et des exigences de déploiement 5G des opérateurs sans fil en Allemagne et en Autriche. Cette stratégie repose notamment sur des opérations de croissance externe, historiquement gelées par le bilan de Deutsche Telekom et désormais rendues possibles par la nouvelle marge d'endettement de GD Towers. Pour mémoire, DigitalBridge gère plus de 350 000 sites de tours dans le monde directement et indirectement, tandis que Brookfield contrôle plus de 190 000 tours télécoms.