Pour son troisième tour, Bulane choisit de s'adresser à des entrepreneurs spécialisés dans son secteur. Et celui-ci est varié puisque la société créée en 2008 fabrique des électrolyseurs tant destinés à décarboner des procédés industriels que le chauffage des bâtiments. Jusque-là, seuls des fonds régionaux l'avaient soutenu : notamment Irdi, Sofilaro et UI Gestion, lors de deux tours en 2015 et en 2018. À l'occasion d'une opération d'11 M€ gérée par CIC Conseil, ce sont désormais Vol-V, la structure d'investissement de Cédric de Saint Jouan, créée suite à la vente de ses activités dans les énergies renouvelables à Engie et la CNR en 2019, Jean-Marc Bouchet, le créateur du producteur d'énergies renouvelables Qair, et Idec Invest Innovation, la holding du constructeur immobilier éponyme, qui entrent au capital. Le montant comprend 7,1 M€ d'augmentation de capital, valorisant la société 23,3 M€ ; le solde correspond à du cash-out, d'UI Gestion notamment, alors que les deux autres historiques participent à nouveau. À cette opération en equity, s'ajoutent 3 M€ de prêts bancaires de Bpifrance, Banque Populaire du Sud, BNP Paribas, Caisse d’Epargne Languedoc Roussillon et le Crédit Agricole Languedoc.
2,3 M€ de revenus l'année passée
Bien que l'accélération commerciale ait été particulièrement intense en 2017, faisant passer les revenus 790 K€ à 2,2 M€ en 2019, Bulane a vu sa progression s'arrêter durant la crise sanitaire. L'année dernière, il n'a ainsi atteint que 2,3 M€ de revenus, portant à 11 M€ le total généré durant les cinq dernières années, et le total d'électrolyseurs vendus à 1600 unités. « Ses systèmes ont pour vocation d'hybrider les processus industriels reposant exclusivement sur la combustion d'énergies fossiles (notamment pour la création de chaleur, en métallurgie par exemple), avec de l'hydrogène issu de l'électricité, et donc décarbonée. Le fait de réaliser l'électrolyse directement sur le site permet de valoriser non seulement l'hydrogène, mais aussi l'oxygène et la chaleur fatale du dispositif, et ainsi d'atteindre une efficacité énergétique de 95 % », rend compte le président Nicolas Jerez. La technologie serait aussi particulièrement adaptée aux applications thermiques difficilement électrisables, ce qui concernerait 70 % des entreprises dans l'industrie ou la construction immobilière, consommant 400 TWh en France par an. Autre acteur français cherchant à décarboner la production des grandes quantités de chaleur des industries, mais en se reposant sur l'énergie nucléaire, Jimmy Energy a levé 15 M€ l'année dernière.
Les futurs électrolyseurs atteindront une puissance de 500 kW
La levée permettra notamment d'accélérer la croissance des revenus, grâce à la construction de 3000 m² d'entrepôt supplémentaires, s'ajoutant aux 600 m² existants. Ainsi, la société augmentera sa cadence de production (actuellement de 200 unités par an), mais surtout la taille des équipements, et donc leur puissance, actuellement de 20 kW, pour atteindre une puissance comprise en 200 et 500 kW. Une trentaine de recrutements seront effectués dans ce cadre, et s'ajouteront à la vingtaine de salariés actuelle.