Coup de poker pour Verkor. Le jeune groupe grenoblois spécialisé dans les batteries bas carbone, qui avait déjà obtenu 250 M€ pour financer son centre de R&D, réalise pour la rentrée la levée de fonds de l'année. Lancé l'été dernier avec l'aide de Jefferies et Ceres Partners, ce troisième tour de table de 850 M€ est mené auprès d'un pool d'investisseurs de poids. Selon nos informations, Macquarie Asset Management, se positionne en lead de cette série C, avec un ticket d'un peu moins de 500 M€, suivi de Meridiam avec 200 M€, tandis que le Fonds Stratégique de Participations - bras armé des sept plus gros assureurs français géré par Isalt - apporte un peu plus de 100 M€. L'opération est aussi accompagnée par les historiques Sibanye-Stillwater, Renault, EQT Ventures et EIT InnoEnergy, ainsi que par Bpifrance (via son véhicule Société de projets industriels), Crédit Agricole Assurances (via Predica), le hollandais Airbridge Investments et le fonds Pulse de CMA-CGM - en actions nouvelles et en conversion d'OC existantes. Si la ventilation du capital n'est pas dévoilée, le management devient, selon nos sources, minoritaire post-closing. Toujours selon nos informations, des term sheets supplémentaires pourraient porter le tour de table à 1 Md€.
1,2 Md€ de financement
Au-delà de l'equity, le projet est soutenu par un financement de 600 M€ en quasi dette de la Banque européenne d’investissement, décomposé en 270 M€ en direct octroyé à Verkor et 330 M€ par l'intermédiaire de banques partenaires de l'entreprise, encore en négociation. Selon nos sources, ce tour de dette plus global devrait prendre place au cours des prochaines semaines. La Banque des Territoires et la Caisse des Dépôts doivent également être mises à contribution. Enfin, différentes entités publiques françaises apportent de leurs côtés 650 M€ de subventions dans le cadre du plan France 2030, dont 60 M€ en provenance de la Région Hauts-de-France et 30 M€ de la Communauté Urbaine de Dunkerque. « Il s'agit d'avances remboursables, à mi-chemin entre la dette et l'equity, sous forme de quasi-equity super-subordonnée », précise une source proche du dossier, pour qui cet apport de cash est à intégrer dans la valorisation post-money de Verkor.
Une mise en service en 2025
« Ce financement international consolide nos perspectives à long terme et, avec l'engagement renouvelé de nos partenaires existants, nous sommes désormais en bonne voie pour devenir l'un des principaux fabricants européens de batteries », précise le P-dg Benoit Lemaignan. L'opération doit permettre au groupe de construire sa première Gigafactory Verkor dans le port de Dunkerque, avec une production ciblée de 16 GWh/an. « Nous attaquons la phase de début des travaux sur le site de Dunkerque, avec pour objectif de faire entrer les premières machines au printemps et d'entamer la production au plus tard en juillet 2025. »
Une seconde usine en 2028
« Il s’agit d’un projet unique et emblématique pour le territoire français, ancré en région, dans un secteur d'avenir et avec un très fort impact environnemental qui répond parfaitement à la stratégie d’investissement du FSP », décrypte Laurent Piccoli, directeur associé chez Isalt, qui réalise ici le premier investissement en non coté du véhicule. L'usine, qui doit entrer en service en 2025, viendra fournir à terme Renault, partenaire stratégique du projet, et d’autres clients en batteries haute performance et bas carbone à hauteur de 16 GWh/an. L'investissement devrait représenter un capex de plus de 1,5 Md€ et créer environ 1 200 emplois directs. D'après nos informations, une seconde levée de fonds est envisagée en vue de construire une deuxième gigafactory à l'horizon 2028.