Il l'avait annoncé : Neoen souhaitait à court terme augmenter ses fonds propres pour financer l'intégralité de son plan d'investissement 2023-2025, en doublant sa capacité installée (plus de 10 GW à fin 2025 contre 6,6 GW à fin 2022), tout en intensifiant ses investissements dans le stockage. Son augmentation de capital, avec maintien du droit préférentiel de souscription (DPS, du 8 au 20 mars), est ouverte ce 10 mars jusqu'à la clôture de la négociation le 22 mars prochain. L'opération porte sur près de 750 M€ avec un prix de souscription fixé à 20,45 €/action, faisant ressortir une décote de 25,99 % par rapport à la valeur théorique de l'action Neoen ex-droit et une décote de 31,67 % par rapport au prix de clôture de l’action Neoen à l’issue de la journée de bourse du 3 mars dernier. La parité de souscription est de 8 actions nouvelles pour 25 actions existantes.
Les principaux actionnaires apportent près de 329 M€
Le capital du producteur d'énergies renouvelables coté, fondé en 2008 et dirigé par Xavier Barbaro, est aujourd'hui détenu à 46,51 % par Impala (holding de la famille Veyrat) et 1,61 % par Cartusia (le véhicule d’investissement à long terme contrôlé par Xavier Barbaro et les membres de sa famille), agissant de concert, devant le FSP (6,5 %) et Bpifrance (4,7 %). Les engagements de souscription des principaux actionnaires de Neoen représentent environ 43,9 % de l'augmentation de capital, soit près de 329 M€. Impala s'est engagé à souscrire des actions nouvelles à titre irréductible par l'exercice d’au moins 75 % de ses DPS (représentant un montant minimum de souscription d’environ 251 M€). FSP et Bpifrance se sont chacun engagés à souscrire à hauteur de leurs quotes-parts, en exerçant l’intégralité de leurs DPS (représentant des montants de souscription respectifs d’environ 46 et 33 M€). Cartusia envisage de son côté un investissement net total d’au moins 2 M€. Le produit net de l’émission de ces actions nouvelles, estimé à environ 740 M€, sera utilisé pour financer la croissance du producteur coté. Rappelons que Neoen évalue à environ 600 M€ le besoin d’apport en fonds propres nécessaires au financement des investissements, lui permettant d’atteindre une capacité en opération ou en construction de plus de 10 GW à fin 2025 ; et à 150 M€ le montant des fonds propres nécessaires à l’extension de ses investissements dans des installations de stockage, permettant la construction de batteries ayant une durée d’autonomie plus importante qu’anticipé dans ses hypothèses initiales (en moyenne 2h contre 1 à 1,5h précédemment).
Recours à la dette corporate
Le producteur exclusivement positionné sur les EnR totalise aujourd'hui 503,2 M€ de chiffre d'affaires consolidé (+ 51% par rapport à 2021), réalisé à 50 % en Australie, et provenant à 49 % du solaire, 41 % de l’éolien et 10 % du stockage. Selon ses estimations, « ces premiers 10 GW génèreront, une fois pleinement en opération, un Ebitda ajusté annuel de l'ordre de 750 M€, hors contribution des early generation revenues et hors contribution des opérations de farm-down ». Son portefeuille de 13,9 GW compte 5,4 GW d’actifs en opération ou construction. Dans ce nouveau contexte de marché, Neoen entend aussi accroître de façon progressive son recours à la dette corporate, tout en confirmant son objectif d’un ratio de levier financier supérieur à 70 % du capital investi sur une base all-in, incluant la totalité de la dette consolidée du groupe. Il confirme également son objectif d’un ratio de dette nette sur Ebitda ajusté compris entre 8x et 10x à fin 2025. Pour renforcer ses capacités financières, le producteur coté se réserve aussi la possibilité « de réduire de manière opportuniste son pourcentage de détention dans certains actifs », qu’il a vocation à contrôler sur la durée.