C'est un changement d'actionnariat majeur pour Tag Energy. Fondé en 2019 par Franck Woitiez et Damien Bonnamy, deux anciens de Neoen, avec le soutien de Jacques Veyrat via sa société d'investissement Impala, le développeur international d'énergies renouvelables vient d'ouvrir son capital à deux fonds d'investissement français au terme d'un processus intermédié par BNP Paribas. Jusqu'ici détenu par Impala (51 %) et son management via TagTeam (49 %), l'opérateur a organisé une augmentation de capital de 450 M€ qui permet à Omnes Capital et Mirova de prendre des positions minoritaires significatives dans l'entreprise, en apportant chacun 150 M€ - le solde prenant la forme d'un réinvestissement d'Impala. Si la division du capital reste confidentielle, les deux actionnaires historiques conservent ensemble la majorité des parts au terme de l'opération, dont le closing devrait avoir lieu dans les prochaines semaines.
Construire une plateforme marchande
Dans le détail, cette levée de fonds intermédiée doit permettre à l'opérateur lisboète de financer le développement de son portefeuille de 2,7 GW d’actifs, aujourd'hui réparti entre l'Australie, le Royaume-Uni, l'Espagne, le Portugal, et la France. Pour Mirova, l'opération est l'occasion de « concrétiser une volonté d'internationalisation de notre cinquième véhicule, Mirova Energy Transition 5, explique Raphaël Lance, directeur des fonds de transition énergétique. Nous prenons une approche différente sur cet investissement pour construire une plateforme capable de prendre du risque marchand, ce qui est faisable car les énergies renouvelables sont désormais compétitives, en particulier en Australie. » Le gérant souligne l'ouverture récente d'un bureau à Singapour pour développer ses investissements dans la zone Asie-Pacifique et renforcer les relations avec ses investisseurs locaux, notamment japonais, coréens et australiens. D'une taille cible d'1,3 Md€ - dont 760 M€ levés auprès d'institutionnels européens à date - le véhicule réalise ici son cinquième investissement, après les investissements menés dans le développeur Corsica Sole et la plateforme d'hydrogène Hy2Gen (lire ci-dessous), et porte ses montants engagés à 500 M€. Mirova, qui s'apprête à finaliser la liquidation de son second millésime ainsi que de son troisième véhicule et a désormais vendu la moitié de ses participations, espère atteindre le closing final de Mirova Energy Transition 5 pour la fin du deuxième trimestre. L'affilié de Natixis Investment Managers gère près de 28 Md€ d'actifs, dont environ 2 Md€ dans le secteur des infrastructures de la transition énergétique.
Un fonds déployé à 90 %
Pour Omnes, l'opération était d'une simplicité extrême : le fonds d'investissement connaît parfaitement le management de Tag Energy, qu'il a côtoyé lorsqu'il était actionnaire de Neoen avec Impala, via son deuxième millésime, Capenergie 2. Le gérant intervient cette fois-ci à travers son fonds Capenergie 4, qui a dépassé son hard cap avec 660 M€ levés, et signe sa neuvième opération après celle d'Ortus Power Resources en Italie (lire ci-dessous), portant l'engagement du fonds à près de 70 % et lui permettant de détenir un portefeuille de projets (en construction ou en opération) d'une capacité globale de plus de 15 GW. Capenergie 4 se déploie à 50 % dans le solaire terrestre, le solde se répartissant entre l'éolien et l'hydraulique et cible au moins 10 % de TRI. Omnes, qui gère aujourd’hui plus de 5 Md€ d’actifs dans les infras et le private equity, dont 3 Md€ dans le secteur des énergies renouvelables, réfléchit désormais au lancement de la cinquième génération de son fonds dédié aux énergies renouvelables, et table sur un début de commercialisation en fin d'année 2022.