Groupe Ocea remodèle son actionnariat pour la quatrième fois de fois de son histoire. Créé en 2002 comme une business unit de Suez, le spécialiste des compteurs intelligents à destination du résidentiel avait rejoint le portefeuille d'InfraVia quatorze ans plus tard contre près de 80 M€, avant d'être cédé, en 2019, à un consortium composé du fonds ICG Infra 1 (51 %) et de Predica (49 %) pour environ 200 M€. L'an dernier, l'assureur adossé au Crédit Agricole s'était retiré de la structure, laissant le fonds britannique seul maître à bord – jusqu'à aujourd'hui du moins, puisque c'est désormais son homologue suédois EQT qui s'apprête à en reprendre les rênes. Au terme d'une procédure entamée depuis fin 2023, la société de gestion cotée doit s'emparer de 100 % des titres de la société présidée par Emmanuel Croc d'ici la fin du premier semestre selon nos sources. Toujours d'après nos informations, la transaction va être réalisée pour le compte du véhicule Active Core Infrastructure et fait ressortir une valeur d'entreprise de plus de 600 M€.
75 M€ de chiffre d'affaires en 2023
« Nous proposons une solution clé en main à destination des copropriétés et bailleurs sociaux, permettant aux familles de suivre leur consommation d’eau et de chauffage à travers une application dédiée, avec des économies d'environ 15 % réalisées en moyenne, explique Emmanuel Croc. Concrètement, nous prenons en charge les coûts d'installations des sous-compteurs et des infrastructures de télérelève, puis nous amortissons ces frais de capex à travers des contrats adossés à l'inflation d'une durée de dix ans. » Cette activité industrielle, développée à travers la marque Ocea Smart Building, représente plus de 90 % du chiffre d'affaires global de la structure – lequel était de 75 M€ en 2023, pour un Ebitda de 32 M€. Outre ce core business, Groupe Ocea propose également une activité d'audit et de conseil à travers sa filiale Isiom Conseil, ainsi qu'une solution IoT via Qowiso – une entité qu'il avait absorbée fin 2022. Couvrant d'ores et déjà 55 000 immeubles en France, soit plus de deux millions de logements répartis dans 28 villes, la structure aux plus de 550 collaborateurs ambitionne de réaliser plus de 100 M€ de revenus d'ici 2025, et même 200 M€ à horizon 2030 – soit une croissance annuelle de l'ordre de 15 %.
« Ce changement d'actionnariat va nous permettre de poursuivre notre business plan, qui repose en partie sur de la croissance externe avec 5 à 10 M€ d'investissements annuels fléchés vers les acquisitions, notamment dans le cadre d'un élargissement de notre activité à d'autres secteurs – dont la géothermie – et l'ouverture de bureaux à l'international », complète le président de Groupe Ocea. La structure a mené un total de quatre opérations de consolidation, dont celle du spécialiste de la maîtrise des consommations de gaz des chaudières collectives Ecometering en 2021 – une société désormais totalement intégrée à ses activités.
Première cession
« Après cinq années de détention en portefeuille, nous estimons qu'il s'agit d'un momentum propice à la cession de Groupe Ocea, que nous avons activement accompagné dans sa croissance en lui permettant de doubler son Ebitda depuis 2019, avec des opportunités de marché toujours très importantes, décrypte Guillaume d'Engremont, managing director et head of european infrastructure equity chez ICG. À titre de comparaison, le marché français des sous-compteurs affiche aujourd'hui un taux de pénétration de l'ordre de 40 %, contre 90 % en Allemagne. » Pour mémoire, la première itération infra d'ICG avait collecté un total de 1,5 Md€ en 2022, aujourd'hui entièrement investi à travers huit participations, et débute désormais sa période de désengagement, un second millésime étant en cours de levée pour 2 Md€.
3 Md€ d'investissement en France
« Nous avons la volonté d'établir le Groupe Ocea comme étant l'une des plateformes leaders sur le volet de la transition énergétique dans le pays, avec une diversification notable de ses activités – la géothermie, les capteurs connectés et la data constituant un axe de croissance majeur », explique Thomas Rajzbaum, partner chez EQT. Il s'agit par ailleurs de la troisième opération menée par le fonds Active Core Infrastructure du gérant suédois, après qu'il se soit successivement emparé du spécialiste des infrastructures numériques Radius Global Infrastructure et du producteur coté d'énergies renouvelables Tion Renewables. Pour mémoire, la stratégie core dédiée aux infrastructures de long terme (15-25 ans) d'EQT espère lever 5 Md€ et investit le segment du large cap. Il s'agit par ailleurs du premier deal français mené pour le compte de cette stratégie lancée en 2022, et son quatrième à l'échelle globale, tandis que le gérant a fléché plus de 3 Md€ d'investissements dans le pays à travers quatre investissements – dont trois pour le compte de son fonds value-add. Ouvert en 2022, le bureau parisien d'EQT compte une trentaine de collaborateurs, dont une dizaine assignés à sa verticale infrastructure.