Nevel ajoute une corde à son arc. Le fournisseur de services énergétiques finlandais adossé à Ardian Infrastructure s'empare de l'activité de biogaz de son compatriote Envor, un spécialiste du recyclage qui va également lui fournir une partie de ses déchets traités, afin d'alimenter les centrales. Selon nos informations, l'acquisition de la business unit est réalisée pour environ 50 M€, auxquels vont se greffer plusieurs dizaines de millions d'euros de capex, afin de développer cette nouvelle activité – pour un investissement global avoisinant 100 M€. Toujours d'après nos sources, l'opération est financée par de la dette corporate à laquelle s'agrège une ligne de capex facility. À noter que Nevel a également fait l'objet d'une augmentation de capital de plus de 50 M€ apportés par son unique actionnaire Ardian, dont une grande partie est dirigée vers le développement de sa nouvelle activité dans le biogaz.
Capitaliser sur le biogaz
Dans le détail, la business unit exploite aujourd'hui des usines de traitement secondaire biodégradables dans les villes de Forssa et Pori en Finlande, qui affichent une production combinée de 51 GWh. « L’acquisition des actifs de traitement de biodéchets du groupe Envor permettra de promouvoir une économie circulaire locale et d’accélérer la transition énergétique d’une cinquantaine de clients industriels et municipaux. Au-delà de ce partenariat avec Envor, notre objectif est de capitaliser sur ce nouveau métier, à la fois en développant des projets de façon organique ou en signant l'acquisition de centrales existantes », explique Pierre-François Dessard, director infrastructure chez Ardian et membre du conseil d'administration de Nevel. Un plan de développement ambitieux, censé permettre de doubler l'Ebitda de la cible – qui emploie une dizaine de collaborateurs à date – de 2,5 M€ à 5 M€ une fois les installations achevées.
Doubler le volume d'activité
Cette nouvelle activité permet à Nevel d'être désormais actif sur trois marchés stratégiques, à savoir le biogaz, les réseaux de chaleur et l'infrastructure industrielle – soit la livraison de projets clé-en-mains permettant de décarboner le process industriel, qui représente aujourd'hui son core business. Essentiellement présent en Finlande ainsi qu'en Suède et en Estonie, il exploite plus de 130 sites de production d'énergie et gère plus de 40 réseaux de chaleur urbains, produisant 1,9 TWh d'énergie par an. Pour mémoire, la structure a été fondée en 2021 après le rachat par le véhicule Ardian Infrastructure Fund V (6,1 Md€ presque entièrement déployés) d'une filiale du groupe public finlandais Vapo spécialisée dans les réseaux de chaleur pour plus de 650 M€. « Au moment de la reprise, il s'agissait d'une société sous investie et qui ne bénéficiait pas de l’attention managériale nécessaire mais pour laquelle nous avions tout de suite décelé du potentiel grâce à notre équipe d’experts locaux, contextualise Pierre-François Dessard. Deux ans plus tard, nous avons presque doublé la taille des équipes, qui comptent désormais plus de 200 collaborateurs, et nous espérons faire de même l’année prochaine avec l'Ebitda, qui était de 20 M€ en 2021. »
200 M€ de capex déployés
Parmi ses pistes de croissance, l'opérateur table sur une évolution organique de son chiffre d'affaires, sans toutefois se refuser des interventions externes – comme ce fut le cas lors du rachat des réseaux de chauffage dans les villes de Viitasaari et Laukaa auprès de l'utility locale Alva contre près de 20 M€ à l'été dernier. Afin d'atteindre ses objectifs, Nevel a déployé près de 200 M€ de capex dans le but d'étendre son parc d'installations, tout en consacrant une partie de cette enveloppe à la décarbonation de ses activités. « Lors du rachat de Nevel, la société fonctionnait beaucoup avec de la tourbe, qui est un combustible très utilisé dans les Nordiques mais qui est plus émetteur que le charbon. Nous en sommes aujourd'hui presque intégralement sortis, puisque nous avions réduit nos émissions de 56 % à fin 2022, et nous comptons atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2030 », explique Pierre-François Dessard.