L'opération était attendue depuis la fin 2022. Après de nombreuses offres reçues au cours des dernières années, Igneo Infrastructure Partners vient de mener la vente de Coriance auprès d'un consortium rassemblant Vauban Infrastructure Partners et la Caisse des Dépôts et Consignations. Après un retrait surprise du suédois EQT il y a quelques jours, forçant le canadien CDPQ, allié de dernière minute, à retirer également son offre, le duo public-privé s'est imposé en dernière ligne droite du processus d'enchères, porté par la banque d'affaires Jefferies depuis février, face à Quantum Pacific Group, la société d'investissement du milliardaire israélien Idan Ofer. Le closing de l'opération est attendu pour le troisième trimestre 2023.
82 M€ d'Ebitda
Valorisé 1,58 Md€ - soit un peu plus de 19 fois l'Ebitda, attendu à 82 M€ en 2023 -, Coriance voit Vauban et la CDC acquérir à parts égales (50,1 % via CIF IV et 49,9 % respectivement) le troisième opérateur français de réseaux de chaleur, qui détient aujourd'hui entre 7 et 8 % du marché derrière Dalkia et Engie. Disposant d'une quarantaine de réseaux de chaleur et de froid sur le territoire français, dont 18 en Île-de-France, le groupe dirigé par Yves Lederer affiche 340 M€ de chiffre d'affaires en 2022 et un carnet de commandes en pleine croissance. Selon nos informations, Coriance a remporté près de 20 % des appels d'offres au cours de l'année dernière, faisant bondir son carnet de commandes de 125,6 M€, contre 75 M€ en 2021 - et pourrait gagner encore 300 M€ sur l'année 2023 selon nos informations. « Ce sont des contrats dont la durée varie entre 25 et 30 ans, confie une source proche du dossier. Coriance est également fort pour apporter des avenants à ses contrats, ce qui lui permet de gagner des années supplémentaires. C'est un bon critère pour juger de la croissance future de l'entreprise. » Sous l'égide d'Igneo Infrastructure Partners, acquéreur en 2016 auprès de KKR pour 600 M€ selon nos informations, le francilien a également largement verdi son portefeuille, avec plus de 65 % de la chaleur produite à partir d'énergies vertes, dont principalement la biomasse (27 % du mix énergétique total), la récupération de déchets urbains (23 %) et la géothermie (15%).
Un actionnaire connaisseur
Spécialiste des réseaux de chaleur urbains en France sous modèle concessif, l'entreprise basée à Noisy-le-Grand est « parfaitement représentative de notre stratégie d'investissement », note Mounir Corm, co-dirigeant de Vauban Infrastructure Partners. Moins développé que ses voisins européens dans ce secteur, le marché français des réseaux de chauffage devrait connaître une forte croissance au cours des prochaines années. « Ce sont 22 Md€ d'investissements qui sont attendus sur la décennie », poursuit l'investisseur, qui compte s'appuyer sur sa large expertise du secteur pour accompagner la croissance de Coriance. Pour mémoire, Vauban a investi par le passé dans des réseaux de chaleur en Espagne, récemment refinancés, ainsi qu'en Norvège et aux Etats-Unis - son premier deal nord-américain fut d'ailleurs l'acquisition d'un portefeuille de huit systèmes de chauffage et de refroidissement urbains auprès de l'anglo-saxon Basalt Infrastructure Partners et du développeur local DCO Energy. « Ce sont des actifs qui cumulent le meilleur des deux mondes, avec un portefeuille existant vertueux sur le long terme et une forte marge de croissance », conclut Mounir Corm.