Six petites années après son introduction, Neoen s'apprête à signer sa sortie de cote. L'IPP tricolore, acteur majeur des énergies renouvelables à l'échelle mondiale, va faire l'objet d'un rachat de capital initié par la société de gestion Brookfield Infrastructure – qui agit via son entité Brookfield Renewables aux côtés de la holding singapourienne Temasek, partenaire minoritaire de l'opération. Celle-ci porte sur l'acquisition par le canadien d'une participation de 53,3 % auprès des actionnaires existants, à savoir Impala (42,1 %), la holding de l'homme d'affaires Jacques Veyrat, le Fonds stratégique de participation géré par Isalt (6,92 %), ainsi que le P-dg Xavier Barbaro (1,22 %) et d'autres porteurs représentant environ 3 % du capital. L'opération, dont le closing est attendu d'ici la fin de l'année, fait ressortir une valorisation de 6,1 Md€ et un prix par action de 39,85 € – soit une prime de 26,91 % par rapport au dernier cours coté et de 43 % par rapport au cours moyen pondéré sur les six derniers mois. L'acquisition de ce bloc majoritaire doit conduire à une offre publique d'achat (OPA) par Brookfield sur le solde du capital au cours du premier trimestre de l'année à venir, sur la base de la valorisation actuelle.
524,4 M€ de chiffre affaires en 2024
Fidèle à sa stratégie d'investissement, Brookfield compte faire de Neoen une plateforme intégrée d'énergies renouvelables à l'échelle du Vieux-Continent. Pour ce faire, l'asset manager table sur une croissance organique du groupe, mais également des consolidations – le marché tricolore étant propice à ce type d'opérations. Fort de ces nouveaux relais financiers, le développeur compte dépasser les 530 M€ d'Ebitda en 2024 et même plus de 700 M€ à horizon 2025. Son portefeuille d'actifs renouvelables sécurisés atteignait 9 GW sur l'exercice écoulé, dont 8 GW opérationnels, parmi lesquels 1,6 GW ont été signés sur la période. Il espère porter cette donnée à plus de 10 GW d'ici l'an prochain. Son chiffre d'affaires atteint quant à lui 524,4 M€, en hausse de 4 % à taux de change courants et de 8 % à taux de change constants par rapport à l'année précédente, pour un Ebitda en progression de 15 % à 474,8 M€ et un résultat net de 80,4 M€ (+67 %). Très actif en Australie, où il réalise plus de la moitié de son volume d'activités, le développeur y a récemment souscrit une enveloppe d'environ 660 M€ auprès de onze prêteurs. Ce, dans le but de refinancer un portefeuille d'actifs éoliens et solaires de 1,5 GW, ainsi que la construction de nouveaux projets. Il s'est également renforcé en début d'année avec la promotion d'Yves-Eric Francois en qualité de directeur financier à Sidney.
Appétit tricolore
Ce take out disputé depuis le début d'année par différents fonds internationaux, dont KKR et EQT d'après nos sources, témoigne d'un appétit grandissant de Brookfield pour les infrastructures françaises, alors que le gérant s'est illustré l'an passé en reprenant le spécialiste francilien des centres de données Data4 auprès d'Axa IM Alts. Selon nos informations, le canadien a également pris part aux discussions portant sur la cession des actifs fibre de l'opérateur francilien d'infrastructures télécoms TDF – lesquels ont finalement atterris dans le giron du fonds d'investissement néerlandais DIF Capital Partners. Après cet appétit pour la transition numérique dans le pays, Brookfield lorgne désormais sur la transition énergétique avec les acquisition prévues d'autres acteurs paneuropéens dans un horizon proche.