Lancé en décembre dernier, tout comme son homologue BNP Paribas European Junior Infrastructure Debt Fund I (lire ci-dessous), le véhicule European Infrastructure Debt Fund II (Infra Debt II) est le premier à atteindre la ligne d'arrivée. Structuré par le pôle d'investissement Dette privée & Actifs réels de BNP Paribas Asset Management, aux 9 Md€ sous gestion, le fonds vient de récolter 300 M€ d'engagements auprès d'institutionnels européens. Parmi les investisseurs, des compagnies d'assurance, des fonds de pension et des corporates, dont cinq originaires de France. « La place financière de Paris s'est beaucoup mobilisée ces dernières années pour devenir le centre en Europe des infrastructures, qui offre une prédictibilité des cash flows, et une valeur relative par rapport à des classes d'actifs liquides plus traditionnelles dans le crédit », estime Karen Azoulay, head of infrastructure debt chez BNP Paribas Asset Management. De nouveaux investisseurs européens et asiatiques devraient par ailleurs participer aux prochains closings du fonds. Cette Sicav luxembourgeoise structurée en Raif terminera sa période de commercialisation en avril 2022 et vise un hard cap de 1 Md€. Le fonds financera jusqu'à 10 % de sa taille cible par opération, en commençant aujourd'hui avec des tickets compris entre 30 et 40 M€. Spécialisé dans la dette senior européenne, le véhicule doté d'une stratégie ESG investira particulièrement dans le numérique et dans les EnR. EIDF II est le successeur d'un premier fonds de dette senior lancé en 2017 par BNP Paribas AM et d'une taille de 474 M€, aujourd'hui entièrement déployé.
Huit investissements déjà signés
Ce deuxième fonds de dette senior pour BNP Paribas AM ne visera pas seulement des actifs brownfield, mais se réserve la possibilité d'investir dans des opérations greenfield à hauteur de 25 % de sa taille cible. EIDF II se déploiera sur des financements investment grade, avec peu de risque de marché, dans le cadre d'une stratégie core+. Le fonds a déjà été déployé à hauteur de 250 M€ environ, à travers huit investissements menés dans la fibre optique, les infrastructures sociales, les utilities (activités de production et de transport/distribution d'électricité et de gaz) et les énergies renouvelables (EnR) en France, dans les pays nordiques, ainsi qu'en Allemagne et en Italie. EIDF II peut proposer des financements très long terme allant jusqu'à 30 ans, mais la durée de vie moyenne des dettes apportés se comprend aujourd'hui plutôt entre 8 et 10 ans.
Une dette infra « très résistante »
Infra Debt II est accompagné par BNP Paribas European Junior Infrastructure Debt Fund I, lancé dans le cadre d'un mandat finalisé avec Korea Investment & Securities. Ce dernier investira dans de la dette infrastructure non investment grade en Europe, pour une collecte totale comprise entre 300 et 500 M€ et un hard cap de 750 M€. Ce premier fonds multinvestisseur en dette junior pour BNP Paribas AM fait suite à un véhicule lancé en partenariat avec le fonds asiatique Korea Investment & Securities en mars 2019, d'un hard cap de 2 Md€, ayant donné une première expérience du marché à la banque française. Le véhicule dédié à la dette junior de profil BB, d'une durée de quinze ans, offre des financements d'une durée de vie moyenne comprise entre 6 et 8 ans.
Cinq closings depuis janvier
« Il existe un intérêt renouvelé pour la dette infra car celle-ci propose des cash flow stables et réguliers, en décorrélation avec des actifs plus traditionnels et une faible volatilité, ce qu'a confirmé la pandémie, ajoute Karen Azoulay. Malgré la crise sanitaire, nous avons constaté peu de repricing sur le marché et assez peu de différences dans les structures financières pratiquées. » Les fonds de dette infra se sont ainsi révélés particulièrement actifs ces sept derniers mois. Selon nos données, pas moins de cinq closings ont été menés depuis janvier dernier, pour un montant collecté supérieur à 2,1 Md€ (voir notre tableau exclusif ci-dessous). Pour mémoire, le nombre total de levées menées dans la dette d'infrastructure depuis janvier 2020 grimpe à treize selon nos données. Ces fonds visent par ailleurs une collecte totale d'au moins à 10,2 Md€, toujours d'après nos chiffres.