Une entrée dans la seconde phase de la vie de Lhyfe : voilà comment Matthieu Guesné, fondateur et p-dg du développeur nantais, perçoit l’entrée en bourse de son entreprise. « Maintenant que nous maîtrisons la solution technologique et son développement commercial, l’objectif est de répliquer la stratégie sur le marché européen, où il y a d'importants capitaux disponibles pour développer l’hydrogène. » Près d'un an après l'arrivée d'Hydrogène de France sur les marchés (lire ci-dessous), la jeune pousse nantaise vient de finaliser, sur Euronext Paris, une augmentation de capital de 110 M€ - pouvant être portée à 124 M€ en cas d'exercice intégral de l'option de surallocation, qui peut-être appelée jusqu'au 17 juin prochain. Dans la balance figurent également 47,8 M€ au titre de la conversion d'obligations convertibles en actions pour ses précédents investisseurs, à savoir le fonds d'impact Noria, la Banque des Territoires, Swen Capital Partners, Ouest Croissance, Océan Participations, ainsi qu'Ovive (Groupe Les Saules), la Société Financière Lorient Développement et le japonais Mitsui (lire ci-dessous).
Une valorisation à 411 M€
Le prix de l'action a été fixé à 8,45€, portant la capitalisation boursière du groupe ligérien à 411 M€. L'opération a également bénéficié du soutien d'investisseurs institutionnels à l'image de CDC Croissance (10 M€) et d'Amundsen Investment Management (4 M€) ou encore du portugais EDP Renováveis (25 M€). Ce dernier a d'ailleurs signé avec Lhyfe un accord de collaboration, afin d’identifier, développer, construire et gérer des projets de production d’hydrogène vert. Au terme de l'IPO, Matthieu Guesné dispose de 19 % du capital via la société Fresh Future, suivi de Noria (16 %), Vendée Hydrogène (9,9 %), Ovive (8 %), EDPR (6 %), Ouest Croissance (5,4%) et Andera Partners (4 %) pour ne citer qu'eux. Le flottant s'établit à 20,7%.
200 MW en 2026
L’introduction en bourse doit permettre à Lhyfe un accès plus rapide aux financements nécessaires à ses ambitieux objectifs de développement. « Les grands champions de l’export ont eu des décennies pour se développer, d’abord sur des bases locales, puis à l’étranger. Avec seulement huit ans pour constituer une capacité de production d’hydrogène massive en Europe, nous avons opté pour une voie plus rapide », remarque Matthieu Guesné, qui rappelle que l’Union Européenne a récemment doublé son objectif de dix millions de tonnes d’hydrogène vert en production d'ici 2030. S'appuyant sur un pipeline de plus de 4,8 GW de capacité totale installée à travers 93 projets en Europe, le nantais espère disposer d'une capacité installée totale de 55 MW d'ici 2024 à partir d'unités onshore uniquement, et de 200 MW en 2026. Si le seul site actuellement en service affiche une capacité de 1 MW, le développeur assure « en construire aujourd’hui allant de 5 à 10 MW ».
20 % de financement en fonds propres
Les ambitions de Lhyfe se concrétisent également sur le plan financier : le groupe fondé en 2017, qui affiche 197 000€ de chiffre d'affaires en 2021, compte bien rehausser ce volume à 200 M€ d'ici 2026 et dégager une marge d'Ebitda supérieure à 30 % à horizon 2030. Pour ce faire, la moitié du produit net de l'augmentation de capital sera transformé en fonds propres pour les sociétés de projets portant les unités de production du groupe, soit environ 20 % de leurs besoins en financements. Le solde des besoins de financements totaux sera financé à la fois par de la dette et l'obtention de subventions. Ces dernières peuvent désormais atteindre jusqu'à 80 % du coût d'un projet grâce au mécanisme européen des Projets Importants d’Intérêt Européen Commun (IPCEI), qui lève les limites de financement public habituelles des États membres. Le produit financier restant permettra à Lhyfe de renforcer ses équipes de business development et d'ingénierie, mais aussi développer sa solution technologique de production d'hydrogène vert en mer. « Une première production devrait avoir lieu en septembre, indique Matthieu Guesné. Il y aura des challenges techniques, puisqu'il s’agit d’une première mondiale, mais cela va nous permettre de gagner en savoir-faire opérationnel et d’être en position de force à l’avenir, des appels d’offres étant prévus aux Pays-Bas et en Allemagne. »