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Financement majeur pour ACC

Accès libre
La co-entreprise girondine de fabrication de batteries pour véhicules électriques, détenue par Stellantis, TotalEnergies et Mercedes-Benz, lève 4,4 Md€ de financements de projet afin de construire quatre nouvelles usines en France, Allemagne et Italie.

Automotive Cells Company (ACC) se présente comme le Airbus de la batterie pour véhicules électriques. Le parallèle tient notamment à son côté industriel, son encrage paneuropéen et son actionnariat franco-allemand. Mais si l’avionneur est détenu en direct par les États français et allemand, aux côtés de l’Espagne, ACC est contrôlée par des groupes privés originaires de ces deux premiers pays. Fondée en Gironde en 2020 par TotalEnergies (via sa filiale Saft) et Stellantis, la co-entreprise est soutenue depuis mars 2022 par ces deux tricolores et Mercedes-Benz, à hauteur d’un tiers chacun. Le constructeur allemand avait alors injecté 390 M€ afin d’entrer au capital. Cependant, la puissance publique se mobilise aussi pour soutenir cet acteur, a fin 2022, le groupe avait déjà reçu 1,3 Md€ d’avances conditionnées remboursables des autorités françaises et allemandes, principalement via Bpifrance et la région des Hauts de France qui a accueilli le premier site industriel. Les Etats européens (Allemagne, Italie et France) s’engagent de nouveau en apportant une garantie partielle aux 4,4 Md€ de dette que vient de lever ACC. Cet emprunt prend la forme d’un financement de projet conseillé par BNP Paribas et mobilisant également Deutsche Bank, ING, Intesa Sanpaolo, avec le soutien de Bpifrance, d’Euler Hermes et de SACE.

120 GWh d’ici 2030

Bertrand Renault, ING

Bertrand Renault, ING

Cette enveloppe permet donc de contribuer au financement de la construction de quatre blocs de production de batteries pour véhicules électriques, en France, en Allemagne et en Italie. Ces derniers doivent permettre d’atteindre une capacité d’au moins 120 GWh de cellules lithium-ion d’ici 2030. « Ce financement doit permettre de faire émerger l'un des plus importants projets européens dans les batteries pour véhicules électriques, contextualisent Bertrand Renault, directeur ING Structured Export Finance France, et Tim van Pelt, managing director Sustainable Value Chain. ING s'est placée aux côtés des banques du consortium originaires des trois pays concernés par les gigafactories car nous considérons que c'est un enjeu clé et cohérent avec la stratégie d'ING d'accompagner la transition énergétique. Il a trait à la décarbonation, à l'émergence d'une filière industrielle et à l'avenir de l'automobile. Les batteries sont un sujet critique pour le secteur automobile, ce projet démontre cette volonté de vouloir sécuriser les approvisionnements à l'échelle européenne et de minimiser l’impact environnemental. La présence de Saft, qui apporte l'expertise, et de deux grands constructeurs européens, Stellantis et Mercedes-Benz, apporte un support à ce projet, en plus de celle conférée par les pouvoirs publics. » Employant aujourd’hui plus de 1 500 personnes entre son centre R & D basé à Bruges, près de Bordeaux, une ligne industrielle test à Nersac (aussi en Nouvelle-Aquitaine) et sa première usine de Billy-Berclau, dans les Hauts-de-France. Celle-ci avait mobilisé 850 M€ d’investissement et a livré ses premières batteries à Stellantis en fin d’année dernière.

Un coût total d’environ 7 Md€

Yann Vincent, Automative Cells Company

Yann Vincent, Automative Cells Company

Le montant total des subventions, dettes et capitalisation du projet est déjà supérieur à 5 Md€, mais les trois actionnaires vont de nouveau devoir mettre la main à la poche pour finaliser le financement de ces gigafactories. En effet, le coût total est estimé à 7 Md€. D’ailleurs, une augmentation de capital est déjà prévue d’ici fin mars. Si tous trois vont participer, leur niveau d’engagement ne sera pas identique et la future répartition du capital devrait être de 45 % pour Stellantis, 30 % pour Mercedes-Benz et 25 % pour TotalEnergies (via Saft). Contactés, ni Stellantis, ni Yann Vincent, le dg d’ACC, n’ont souhaité commenter cette injection de fonds propres. En conservant un niveau de valorisation identique à celui retenu en mars 2022, lors de l’arrivée du constructeur allemand au capital, ce nouveau tour de table devait être d’au moins 380 M€ afin d’arriver à un tel niveau de dilution pour lui et l’énergéticien tricolore. Mais ce montant devrait être bien supérieur. Dans son rapport annuel 2022, Mercedes-Benz avait indiqué avoir provisionné jusqu’à 410 M€ pour les futurs investissements dans l’entreprise girondine. Les sommes en jeu sont au niveau des attentes derrière ACC. La société doit permettre aux constructeurs de sécuriser leurs approvisionnements. Stallantis veut par exemple d’atteindre cinq millions de ventes de voitures électriques par an à échéance 2030. Pour cela, le groupe à la tête des marques, Peugeot, Citroën, Fiat, Alfa Romeo, Opel, Maserati ou encore Jeep devra disposer d’une capacité totale de 400 GWh d’ici cette date.